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10/12/2020

Ils soutiennent Auxilia - Daniel GUICHARD

Le chanteur Daniel GUICHARD, sensible à l'action d'Auxilia, nous a fait l'honneur de participer à notre rubrique "Ils soutiennent Auxilia".

Il nous parle de sa profession, de son expérience des parloirs, de ses projets. Enfin chers lecteurs bénévoles, il vous laissera un message personnel.

 

INTERVIEW

Par Stéphane d'Auxilia

D’où vient votre passion pour la chanson et la scène ? Je crois que vous avez transmis cette passion à votre famille ?

Quand j’étais môme, j’avais envie de faire comme les artistes que j’aimais  Johnny, Hugues Aufray, Brel, et quelques autres. Je voulais être connu, riche et admiré... rien que ça. L’objectif était intéressant, mais je pense qu’il est celui de tous ceux qui veulent réussir dans la chanson. Rien ne s’est passé comme je le souhaitais et il a fallu des années avant qu’on commence à simplement connaître mon nom. L’habitude était prise et je m’amusais franchement à faire « chanteur ». C’était sincèrement agréable d’éprouver des sentiments sur des chansons et de les communiquer aux gens en face de moi. Je n’ai pas transmis le virus à mes enfants, mais dans des domaines qui sont les leurs, ils en viennent à travailler avec moi. C’est le cas pour trois d’entre eux : Emmanuelle fait dans la communication et elle s’occupe de tout ce qui a trait à la promotion de ce que je fais. Elle chante aussi avec moi sur scène. Gabriel a parmi ses nombreux talents celui d’être musicien. Il m’a composé plusieurs chansons. Joël gère la production des spectacles et des tournées.

Vous avez un public très fidèle. Comment expliquez-vous ce lien si fort qui vous unit aux spectateurs ? Comment expliquer que vos chansons continuent de donner autant d’émotions quand on les écoute aujourd’hui ? Un camarade détenu m’a par exemple écrit que l’écoute du titre "Mon Vieux" à la radio l’a fait pleurer.

La seule explication que je peux avoir c’est que je pense être cohérent dans ma façon d’être, dans ma façon de m’exprimer sur des sujets parfois compliqués ou tabous. Je suis comme je suis et je n’essaie pas d’être un autre.

Je n’ai jamais vraiment été à la mode ou dans l’air du temps, alors mes chansons ont eu le temps de s’installer et elles ont eu le temps d’être comprises avec le temps qui passe. C’était sincèrement agréable d’éprouver des sentiments sur des chansons et de les communiquer aux gens en face de moi. Il faut que les épreuves arrivent et passent pour que les mots soient mieux perçus.

Vous avez eu l’occasion de rendre visite au parloir à des personnes incarcérées pour les soutenir. Qu’avez-vous ressenti dans ces moments si particuliers ?

Il règne des ambiances très particulières, hors de la normale. C’est probablement l’effet voulu. Mais je pense que cela dépend souvent des personnes qui doivent faire appliquer les consignes. C’était plus pour leur rendre visite que pour les soutenir, car les mots ne servent pas à grand-chose dans certaines situations. Soit la peine correspondant à la faute est acceptée, soit c’est le déni... Dans les deux cas, ceux qui sont en "vacances surveillées" n’ont pas envie de phrases creuses. La seule chose dont j’avais envie c’était de parler de la vie, des projets, de donner des nouvelles des connaissances communes.

Dès 1967, vous avez chanté ''Le Condamné'', titre avec des paroles très dures : ''Un mur sale, des barreaux. Le jour va se lever bientôt. Ce soleil qui brillera sera pour tous, mais pas pour moi''.  Comment expliquer cette sensibilité, si jeune, pour l'univers carcéral ?

Je l’avais oubliée celle-là. J’ai toujours pensé que les choses les plus banales de la vie ne sont pas ressenties de la même façon. La preuve : le ciel est bleu, il y a du soleil et des oiseaux, mais selon l’endroit et l’état dans lequel on se trouve on ne pourra les percevoir de la même manière.

En étant dehors c’est presque banal et on y fait à peine attention. En étant dedans, ce sont les symboles de la vie et de la liberté, et si on est très malade, très handicapé ou en fin de vie ce sont des choses quasiment inabordables.

Quels sont vos projets artistiques pour les mois à venir ?

Il y avait le Grand Rex, prévu le 1er novembre... et une tournée qui devait commencer en janvier 2021 désormais reportée à 2022. Peut-être un CD… Mais ça c’est une autre histoire.

Pour conclure quels messages aimeriez-vous laisser aux  formateurs bénévoles d'Auxilia et aux apprenants détenus  d'Auxilia ?

Il faut profiter de tous les instants possibles pour  essayer d’atteindre des objectifs difficiles, mais valorisants pour soi-même. Ça fait du bien au moral de mettre la barre un peu haut et d’y arriver.

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