Actualités

01/10/2021

Ils soutiennent Auxilia - Brieuc Le Bars

 - fondateur de Code phénix

Développer la formation numérique en détention, une des clés de la réinsertion

 

L’association Code Phénix propose à des personnes détenues une formation de développeur web dans le but de faciliter leur réinsertion en profitant des opportunités professionnelles dans les métiers du numérique.

Comme Auxilia, Brieuc Le Bars, fondateur de Code Phénix, dont vous allez découvrir l’interview, constate chaque jour à quel point la formation est un levier puissant pour redonner confiance aux personnes et construire un parcours d’insertion réussi.

Nous vous invitons à découvrir l’activité prometteuse de cette association qui œuvre également pour le développement du numérique en détention, cause prioritaire à laquelle Auxilia est tout particulièrement sensible pour proposer au plus grand nombre l’accès à l’enseignement et à la formation professionnelle.

 

Bonjour Brieuc. D’où vient ta passion pour l’informatique. Quel parcours as-tu suivi pour que cela devienne ton métier ?

J’ai découvert l’informatique pendant mes études en école d’ingénieur, et je me suis spécialisé dans ce domaine en dernière année.

J’aime beaucoup l’idée d’apprendre une nouvelle langue pour parler à la machine, et c’est exactement le principe de l’informatique. Rapidement, on se rend compte que plus on maîtrise la langue, plus on peut faire faire de choses à un ordinateur et que notre imagination sera le seul frein à nos réalisations.

En plus, le milieu évolue très vite, de nouvelles technologies apparaissent régulièrement : pour peu que l’on soit curieux, on se régale !

Comment est né le projet Code Phénix qui propose des formations webmaster aux détenus ? A-t-il été facile de convaincre des partenaires et l’administration pénitentiaire ? Quels sont les moyens matériels mis à ta disposition pour mener à bien ce projet ?

En faisant un stage dans le milieu du numérique, j’ai découvert à quel point les développeurs étaient recherchés par les employeurs. Si des acteurs comme Simplon ou WebForce3 formaient déjà de nouveaux développeurs, pour autant, ces opportunités d’emploi n’étaient pas accessibles aux personnes incarcérées. C’est comme cela qu’est né CodePhenix, il y a 3 ans !

Le projet a été très bien reçu par l’administration pénitentiaire et les autres partenaires. D’une manière générale, en 3 ans, je n’ai eu que très peu de retours négatifs sur le projet en lui-même.

Concernant les moyens matériels, nous avons fourni le matériel informatique pour qu’il puisse répondre à nos exigences de travail. Le Centre de Détention de Melun, où nous avons lancé notre première promotion en janvier 2019, nous a permis d’utiliser une salle du centre scolaire pour recevoir les participants au programme.

Comment ont été sélectionnés les participants de la première promotion Code Phénix au centre de Détention de Melun ? Avais-tu une appréhension avant de travailler avec des prisonniers ? Quelle a été ta première impression ?

La sélection s’est faite en plusieurs temps. D’abord, nous avons organisé une réunion d’information ouverte à toutes les personnes intéressées pour répondre à toutes les questions et que les candidats sachent exactement dans quoi ils s’embarquaient.

Ensuite, ils ont passé un petit test écrit pour vérifier qu’ils savaient utiliser un ordinateur de façon basique. Enfin, nous avons reçu chaque candidat en entretien de motivation d’une vingtaine de minutes.

Les personnes détenues au Centre de Détention de Melun ne sont pas les premières personnes du milieu carcéral avec lesquelles j’ai pu travailler. Auparavant, j’ai eu l’occasion de proposer des ateliers d’initiation en CHRS, puis à Fresnes pendant 8 mois.

Évidemment, il y a une appréhension la toute première fois qu’on rencontre des personnes en détention ou des sortants de prison,  qui sont souvent décrit de manière caricaturale. Dans les faits, ce fantasme s’estompe rapidement, et se retrouve à travailler et à discuter avec des êtres humains.

Après plusieurs mois, as-tu noté une évolution dans la façon d’être des prisonniers ? Quels projets avez-vous déjà pu mettre en place ?

Nous voulions fonctionner par promotion pour créer un esprit de groupe et d’entraide, et je suis très heureux de l’effet que cela a produit. Parmi les participants au programme, certains étaient très fermés sur eux-mêmes et s’autorisaient peu à prendre la parole. Après deux mois, j’ai pu voir ces mêmes personnes prendre de leur temps pour aider un collègue qui ne comprenait pas une notion technique.

Après les 6 premiers mois dédiés à la formation, à présent, nous travaillons comme une agence web en détention, et réalisons des prestations pour des clients à l’extérieur de la prison. Cela participe également à l’évolution des participants qui sont autonomes sur les projets et peuvent être fiers de leur travail.

Voici deux exemples de leur investissement :

https://cocoplant.co

https://www.animaville.net

Quels sont tes projets professionnels pour les mois à venir ?

Dans les prochains mois, CodePhenix a deux objectifs principaux :

  • Continuer à réaliser des prestations de qualité et en trouver de nouvelles
  • Lancer une deuxième promotion de 8 apprenants à Melun, une fois que les travaux sur place seront terminés et que nous aurons la place d’accueillir plus de monde

Deux très gros enjeux pour l’association !

Pour conclure, quel message souhaiterais tu laisser aux formateurs bénévoles d’Auxilia , ainsi qu’à leurs apprenants détenus ?

Merci de me donner la parole !

Déjà, un grand bravo aux formateurs bénévoles d’Auxilia pour leur engagement. Le fait de pouvoir avoir accès à de la formation et à un lien avec l’extérieur est primordial en détention. J’ai pu le voir moi-même en faisant venir sur place un certain nombre d’intervenants extérieur au cours des 18 derniers mois. À chaque fois, cela renforçait la motivation des apprenants et leur redonnait le sourire.

Aux apprenants détenus, et aux autres détenus, je souhaite la réussite dans leur projet de formations et leur projet de réinsertion, et du courage pour leur temps en détention. On pense à vous !

Partager :  

Les derniers articles