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16/08/2022

Le coût des discriminations à l'embauche

150 milliards d’euros. C’est le coût économique des discriminations, estimé en 2016 par l’institution autonome France Stratégie, soit 10 fois le budget 2022 du ministère du Travail, emploi et insertion.  

 

On appelle discrimination à l’embauche le fait de traiter les candidats différemment suivant l’un des 25 critères prévus par le code du travail, parmi lesquels l’âge, le sexe, le handicap, la précarité sociale (ou vulnérabilité économique), ou encore l’apparence physique et le lieu de résidence. D’autres critères de discrimination existent, non reconnues en France, telles que le passé judiciaire, l’appartenance à une minorité nationale ou la naissance. 

 

Au-delà des dommages macroéconomiques, sur lesquels nous reviendrons, pourquoi faut-il continuer à combattre les discriminations ? Tout simplement parce que ce délit au sens pénal endommage à la fois l’humain et les finances publiques, tout en fragilisant la démocratie. C’est l’une des raisons pour lesquelles Auxilia lutte depuis 90 ans aux côtés des travailleurs reconnus handicapés, souvent stigmatisés.

 

Un manque à gagner de l’ordre de 3% à 14% du PIB

Les 150 milliards d’euros cités en introduction correspondent à une perte de 7% du PIB, liée au scénario le plus équilibré parmi les simulations de France Stratégie. Ce scénario part de l’hypothèse d’une réduction des écarts entre le taux d’emploi et l’accès aux postes à pourvoir des personnes discriminées, et ceux du reste de la population.  

 

Un scénario plus ambitieux imagine que l’on établisse l’égalité des chances, offrant à tous les candidats à l’embauche les mêmes opportunités de développement social. Avec ce calcul, le surplus pour l’État monterait à 14% du PIB. 

 

Dans tous les cas de figure, le gain de croissance assurerait à l’État des rentrées fiscales supplémentaires et des dépenses publiques en moins. Moins d’aides sociales et de surchômage, c’est ce qui s’est produit aux Etats-Unis entre 1960 et 2008, où 15 à 20% de la croissance réalisée était venue de la diminution des différences de traitement selon le genre et la couleur de la peau. 

 

Un déplorable gâchis des talents pour les entreprises

En plus d’affaiblir les réponses de l’État aux problèmes économiques et sociaux, les discriminations font perdre entre 80 à 310 milliards d'euros aux entreprises françaises, toujours selon France Stratégie. En conséquence, les candidats se replient sur d’autres métiers, ce que confirme le 13è baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi. D’après cette étude publiée par le Défenseur des droits, 22% des personnes victimes de discrimination préfèrent ne pas répondre à une offre d’emploi qui correspondait pourtant à leurs compétences.  

 

Cette mauvaise allocation des ressources humaines coûte 2,17 milliards d’euros aux entreprises, d’après le cabinet d’audit PwC, d’où l’importance d’adapter aussi bien les processus de recrutement que les postes de travail. 

 

Un coût humain tragique

Évidemment, aucun coût n’est comparable aux souffrances des victimes elles-mêmes - préjudices que  les amendes ne sauraient réparer (entre 45 000 et 225 000€). À ce sujet, le 14ème baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploiindique que 85 % des personnes ayant vécu une discrimination ressentent des sentiments de honte, de peur et de colère, parfois bien après les faits.  

 

Et au-delà des conséquences psychologiques telles que la dépression, la fatigue ou la peur de travailler, les répercussions sur la santé des différences de traitement à l’embauche et au travail a été démontrée en 2015  par une méta-analyse de 293 études scientifiques. Insomnies, troubles cardiovasculaires, obésité, hypertension, comportements à risque et addictions minent l’existence des individus qui subissent des traitements discriminatoires. 

 

Une fragilisation de la démocratie

Si les stigmates et les stéréotypes dégradent la dignité des personnes, il convient d’avoir à l’esprit le coût social des discriminations, d’autant qu’elles sont souvent cumulées (à l’école, au logement et au travail). 

 

En effet, lorsque l’égalité professionnelle est bafouée, ce sont les fondements de la citoyenneté qui se trouvent en péril. D’abord par le découragement et la méfiance suscitée envers les institutions, mais aussi par une désertion des urnes qui réduit la légitimité des élus et risque de remettre en cause le pacte républicain.

 

Quelles actions pour atténuer le coût des discriminations à l’embauche ?

En conclusion, parce que ce fléau coûte cher aux victimes, aux entreprises et à la démocratie, l’État s’efforce de réduire les discriminations par un dispositif législatif et par le soutien aux organismes qui défendent ou accompagnent les personnes exposées, en particulier dans leur parcours d’insertion professionnelle. 

  

Les établissements et services de rééducation professionnelle (ESRP) préparent les personnes reconnues travailleurs handicapés, (Suite à une inaptitude professionnelle à l’exercice de leur ancien métier et inscrite dans un parcours de reconversion)  à obtenir des diplômes professionalisants. Tout en leur offrant le suivi médical, psychologique et social qui a pour vocation de prendre en compte les acquis et rythme de chacun avec proposition d’adaptation de parcours si nécessaire. Pourquoi parler plus précisément du handicap ? Parce que depuis 2018, ce critère de discrimination arrive en premier parmi les motifs de saisine du Défenseur des droits, devant l’état de santé et l’origine, la race ou l’ethnie. 

  

Pour mieux connaître l’ESRP d’Auxilia, lisez notre page dédiée : Qu’est-ce que l’ESRP ?  

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