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15/11/2019

Nos bénéficiaires prennent la plume

QUAND AUXILIA REND POSSIBLE "UN RETOUR À LA VIE" APRÈS LA PRISON

Édito de La Lettre Auxilia Auxilia, édition spéciale 90 ans

N°20 - Novembre 2019

 

L'administration pénitentiaire a deux missions : garder les personnes que la justice lui confie et les réinsérer. Malheureusement, ces deux objectifs sont difficilement compatibles et le premier se fait souvent au détriment du second. Pourtant, la loi de 1998 contre les exclusions rappelle le droit des
personnes placées sous main de justice à bénéficier de l’accès à la culture et à la formation.
Selon les statistiques, 64% des entrants en prison n’ont aucun diplôme, 30 % sont en difficulté de lecture. Des chiffres déjà effrayants en soi mais en dessous de la réalité concernant les plus jeunes, ce qui montre que la situation continue de se dégrader. En principe, chaque établissement pénitentiaire dispose d’une salle de classe et d’un service d’insertion et de probation. La
réalité c’est qu’en maison d’arrêt, la plupart des prévenus ne voit qu’une seule fois lors de leur arrivée, un membre du service social.
Quant aux classes d’alphabétisation, elles ne profitent qu’à un nombre très limité de personnes. Quand on sait qu’en prison tout passe par l’écrit (demande de parloir, de soins, d’entretiens, etc.) on imagine le désarroi de
ceux qui ne maîtrisent pas, ou mal, un minimum de vocabulaire. Pour pallier ses lacunes, l’administration permet aux directeurs d’établissements pénitentiaires d’établir des partenariats avec différents
organismes et le milieu associatif. Certains font du mieux qu’ils peuvent avec le peu de moyens dont ils disposent, alors que d’autres se satisfont d’assurer la sécurité. La personnalité des chefs d’établissements influe considérablement sur l’ambiance intramuros et sur la quantité de stress qu’il faut gérer pour se mettre en situation d’études. Dans les domaines de l’éducation et de la formation, Auxilia se distingue par la gratuité de ses services dans un milieu confiné où l’indigence fait loi et aussi, parce qu’elle met l’accent sur l’accompagnement. Là où les organismes officiels préparent aux concours, à la compétition froide, Auxilia s’attache à restaurer la confiance et l’image de soi. En lieu et place de réinsertion, mot très galvaudé et sujet à caution tant les obstacles sont nombreux, je préfère l’expression
« retour à la vie ». Or, un retour à la vie réussi passe par ce préalable de restructuration de la personnalité. Cela ne s’impose pas, ça se construit patiemment, dans le respect de l’autre, sans à priori ni jugement.
Pour en avoir profité personnellement, comme tous les contributeurs de cette Lettre anniversaire, j’ai plaisir à témoigner du soutien que j’ai reçu à une époque difficile de ma vie de la part des enseignants d’Auxilia, que je remercie chaleureusement.

 

Louis Perego, ancien apprenant Auxilia, auteur de

RETOUR À LA CASE PRISON - Éditions Jean-Pierre Huguet
VIGILANCES - Éditions Aléas
LE COUP DE GRÂCE - Éditions de l’Atelier
NICO - Auto-édition

 

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