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Lire dans tous ses sens
Il est des thèmes qui inspirent. C’est le cas de ce thème «le goût de la lecture».
Dans son acception première, inspirer c’est faire entrer de l’air dans ses poumons. C’est une étape du processus respiratoire. Et la respiration n’a de sens que s’il y a expiration ; c’est-à-dire sortie de l’air sous une forme modifiée. Aussi, si ce thème m’inspire, c’est l’expiration que je souhaite partager avec vous. Autrement dit, la réflexion qui ressort à la lecture d’un tel sujet.
Le goût de la lecture. Pourquoi le goût ? Pourquoi ce mot emprunté à un des 5 sens du genre humain? Pourquoi ce mot rappelant des saveurs ?
En y repensant, il me revient bien d’autres termes chatouillant nos papilles quand on évoque l’acte de lire. Je pense à ces pavés que l’on croit indigestes, mais qu’on dévore d’une traite tant ils sont délicieux. Je pense à ces ouvrages que l’on dit insipides et qu’on ne finit pas, comme l’on fait pour un plat. Ou encore à ces mots que l’on boit avec gourmandise de la bouche d’un lecteur.
Tous ces termes gustatifs me laissent croire qu’à l’instar de manger, lire c’est se nourrir. Victor Hugo ne disait-il pas « Lire, c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas ». Se nourrir c’est donc éviter de maigrir, de périr, c’est se maintenir en vie ; c’est maintenir en éveil voire développer tous ses sens.
Certes le sens gustatif de la lecture est largement souligné au travers d’expressions comme celles désignées ci-dessus. Mais les autres sens sont quant à eux indissociables de l’acte de lire.
Jadis, la lecture dans sa fonction sociale et éducative se faisait à haute voix. C’était avant les débuts de l’imprimerie, avant l’accès du livre au plus grand nombre.
L’ouïe était alors le sens le plus impliqué dans la lecture. Puis pour des besoins essentiellement religieux, la lecture s’est intériorisée passant de la lecture à voix basse (ruminatio) à la lecture silencieuse (in silentio). La vue devint dès lors le principal sens utilisé dans l’acte de lire : il s’agissait désormais de lire pour soi.
Le développement de l’imprimerie a concouru à développer aussi un rapport plus intime à la lecture et plus particulièrement au livre. Cette intimité touchera essentiellement deux de nos sens : le toucher et l’odorat.
Dans un ouvrage publié en 2015, je raconte l’histoire d’un enfant qui découvre une bibliothèque. Je décris le plaisir qu’il prend à laisser l’odeur du papier, de l’encre, de la poussière pénétrer ses narines. J’évoque aussi le bonheur de cet enfant de pouvoir mesurer l’épaisseur du papier entre le pouce et l’index, ou au son qui ressort des pages qu’il tourne.
Pourtant, peu après la publication de ce livre, je m’interrogeais : l’émergence des nouveaux supports de lecture ne rendent-ils pas obsolète tout ou partie de ces sensations ? Non. Certains supports ou techniques tendent même à renforcer certains sens. C’est le cas du livre audio ou encore des livres écrits en braille. L’usage du livre électronique (la liseuse) même s’il modifie considérablement la sensation tactile ne l’altère pas pour autant.
S’agissant du sens olfactif, je me réfère à une interview de Naomi Baron, Professeur à l’université de Stanford dans laquelle elle affirme :
« Lorsque j’ai demandé aux étudiants slovaques ce qu’ils aimaient le plus dans la lecture sur papier, un sur dix a mentionné l’odeur des livres».
Voilà une affirmation qui laisse augurer de beaux jours au livre papier ! Pour autant, il reste important de permettre à chacun de créer et de développer un goût de la lecture.
Jean-Claude PASCAL-FRANÇOIS
ancien formateur CRP Auxilia
actuellement formateur AFPA
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