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09/07/2021

Accéder au savoir pour une dignité retrouvée

À l'aube de ses 100 ans, Auxilia renforce ses engagements et met en place de nouvelles missions pour accompagner les personnes détenues et leur rendre leur dignité. Des objectifs partagés par plus de 800 bénévoles impliqués dans ces actions de réinsertion.

Les lectures d'Auxilia

« Une institution dégradante, la prison » - Corinne Rostaing, éd. Gallimard

 

Depuis trente ans, Corinne Rostaing enquête sur la condition carcérale, un univers mal connu, mystérieux même pour la plupart d'entre nous. Sociologue, agrégée de sciences sociales, maître de conférences à la faculté de sociologie et d’anthropologie de l’Université Lumière de Lyon (Lyon 2), elle décortique dans cet essai cette institution complexe et met au jour comment l'enfermement dégrade les corps et les psychismes et même les identités des personnes détenues.

De toutes ces années de terrain et les milliers de témoignages qu'elle a recueillis, tant du côté des prisonniers que des personnels, elle parvient à la conclusion que la mission primordiale de la prison est en échec.  Loin de favoriser la réinsertion, la prison se réduit à sa simple dimension punitive et sécuritaire.

Au 1er juin 2021, on comptait 66 591 détenus, pour 60 794 places opérationnelles, contre 65 384 prisonniers le mois précédent, soit une hausse de 1,8 % en un mois. En un an, la population carcérale a augmenté de 14,6 %... Les détenus sont répartis dans les maisons d'arrêt pour les prévenus, en attente de procès ou condamnés à de courtes peines, les maisons centrales et les centres de détention pour les condamnés à des peines plus longues.

La dignité est au cœur de l'ouvrage. Certes, des améliorations des conditions d’incarcération ont été apportées, la formation de gardiens s'est professionnalisée mais la prison est trop souvent réduite à un gardiennage humiliant, surtout en maison d'arrêt, les lieux les plus choquants, selon Corinne Rostaing. Les personnes sont enfermées vingt-deux heures sur vingt-quatre dans leur cellule, sans aucune occupation avec l'incertitude liée à la tenue du procès, l'ennui, autant de facteurs qui contribuent à déresponsabiliser les détenus, voire à les infantiliser, en maintenant leur dépendance vis-à-vis de l'administration pénitentiaire. Cette indignité de la vie au quotidien, les conditions indécentes alors que le nombre de détenus augmente à nouveau remet en question les valeurs démocratiques.

À noter que le coût de la détention pour la société n'est pas anodin : 89 euros par jour en maison d'arrêt, 106 en centre de détention, 191 en maison centrale. La réponse du Gouvernement, face à l'augmentation des condamnations : construire de nouvelles prisons. Des mesures purement sécuritaires qui ne permettent pas aux personnes concernées de se projeter dans l'avenir.  La sortie est un impensé. La prison est un objet embarrassant : que faire de ces personnes qui ont transgressé les règles de la société ?  On voulait les redresser, les transformer, mais cette ambition semble abandonnée. 

La prison a changé, certes, mais les réformes semblent dérisoires face aux exigences démocratiques d'aujourd'hui. Punition rime toujours avec souffrance alors qu'il faudrait imaginer autre chose, penser la vie d'après. On en est loin...

 

Denise Cabelli, bénévole Auxilia une nouvelle chance

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