Les lectures d'Auxilia - Le petit Polio

de Farid Boudjellal

 

Auxilia a démarré son activité de cours par correspondance en direction des personnes détenues au moment de la guerre d’Algérie, en soutenant des prisonniers politiques. 

 

La bande dessinée passionnante de Farid Boudjellal nous plonge dans la France de 1958 où la guerre d’Algérie occupe tous les esprits, période charnière dans l’évolution d’Auxilia. Le personnage principal (miroir de l’auteur) est Mahmoud. Le petit Algérien de 6 ans vit à Toulon ; il boite à cause de la poliomyélite. 

« Petit Polio » est une œuvre vivante dans laquelle les bulles nous font entendre l’accent chantant du sud. On s’y croirait. D’ailleurs en fin d’ouvrage, un glossaire d’une cinquantaine de mots de la Provence nous est proposé (Zou, minot, pitchoun, pastaga, peuchère, rouste, escagasser …). 

Sans apitoiement, Farid Boudjellal nous présente les difficultés que peuvent vivre les personnes en situation de handicap. Il utilise pour cela des anecdotes pleines d’humour qui permettent de dédramatiser comme par exemple le chapitre « Le petit Mahmoud a égaré sa chaussure orthopédique ».

On s’attache rapidement aux différents personnages remplis d’humanité. Mahmoud restera dans nos mémoires car il a un caractère fort ; malgré les moqueries (« avec ta godasse comme une courge ») il reste toujours combatif (« je te pari que je te bats à la course »). On se souviendra avec émotion du couple de jeunes mariés (« L’Algérie c’est si loin, et s’il t’arrive quelque chose, je vais devenir folle toute seule ») et surtout de la conversation bouleversante entre le père et le fils (« oui tu as la polio, tu en as pas eu la chance … Mais quand tu es venu au monde personne il est plus content que moi, personne il est plus fier que moi, avec ou sans patte folle ! »).  

On découvre aussi la passion naissante pour le dessin de Farid Boudjellal. Grâce à la lecture du magazine Kiwi (« je me languis de l’avoir à moi pour le recopier »), il a appris l’art graphique. 

« Petit Polio » est une œuvre à valeur sociale qui nous permet de mieux connaître les conditions de vie des familles immigrées dans les années 1950. Par exemple, n’ayant pas d’argent de poche pour s’acheter des BD, le personnage principal regarde attentivement la couverture de son illustré favori dans le kiosque à journaux puis court chez lui pour la reproduire ; plusieurs aller-retours sont à chaque fois nécessaires pour y parvenir.

Des thèmes difficiles sont abordés délicatement grâce à l’utilisation de passages aux frontières du fantastique ; Mahmoud entre ainsi comme par magie dans la Bande Dessinée « Le petit trappeur » pour demander de l’aide à ses héros afin de lutter contre le racisme dont il est le témoin.

C’est enfin un ouvrage qui nous plonge au cœur de l’histoire de France. On y croise des jeunes appelés (« je rejoins mon régiment en Algérie la semaine prochaine ; deux mois qu’on est marié, on n’a pas eu le temps de se lasser ») mais aussi le général de Gaulle en visite à Toulon, avec le gag de la caricature du Petit Mahmoud à ne pas manquer…

 

Nous vous invitons à lire cette BD qui vous fera voyager avec humour et sensibilité dans la France des années 1950. Vous trouverez les intégrales "Petit Polio" et "Mémé d'Arménie" aux éditions Futuropolis. 

Une bande-dessinée qui rejoint les valeurs d’Auxilia en montrant que malgré ses difficultés, on peut construire un avenir positif.

Bonne lecture.

 

Stéphane, Auxilia, une nouvelle chance

 

 

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